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27 Novembre 2024

Résilience urbaine et gouvernance locale

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RÉSILIENCE URBAINE ET LA GOUVERNANCE LOCALE

Le concept de résilience urbaine est utilisé comme approche directrice dans les publications ci-dessous. La résilience urbaine peut être définie comme une approche de gouvernance holistique visant à aborder et à planifier les défis multiformes à venir auxquels les gouvernements municipaux sont confrontés en matière d’urbanisation dans les villes africaines. La résilience peut être définie comme la capacité d’une ville et de ses systèmes institutionnels à survivre, à s’adapter et à prospérer malgré les chocs à court terme et les facteurs de stress à long terme qui peuvent déstabiliser le fonctionnement d’une ville ainsi que de ses habitants (Réseau des villes résilientes, 2022). Ici, il est particulièrement pertinent de planifier selon une approche durable et holistique et non en « silos » comme c’est souvent le cas. Une gouvernance visionnaire est nécessaire, en particulier dans les villes africaines comme Dar es Salaam.

Cette série de réflexions vise à explorer la résilience urbaine dans les principaux centres urbains de Tanzanie sous différents angles, en mettant l'accent sur la manière dont l'urbanisme, ses aspects connexes et les acteurs politiques influencent la résilience urbaine. Elle couvre cinq domaines thématiques importants, à savoir la politique et la planification, les établissements informels, la planification des systèmes alimentaires, l'écologisation urbaine et la gestion communautaire des déchets urbains.

ICLEI-Afrique collabore avec Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) Tanzanie de publier cette série de réflexions sur la résilience urbaine et la gouvernance locale en Tanzanie.

Télécharger la note d'orientation ici.

Conceptualisation de la politique et de la planification en Tanzanie

Conceptualisation de la politique et de la planification en Tanzanie

La conceptualisation des politiques et des pratiques d’urbanisme en Tanzanie est importante pour la discussion sur la gouvernance locale et la résilience urbaine. Les pratiques historiques et actuelles révèlent la relation complexe entre politique et planification. Les acteurs politiques sont également des décideurs impliqués dans la préparation, le financement et la mise en œuvre des plans. La planification est un processus technique mais aussi un processus politique car les citoyens qui sont les bénéficiaires des plans sont au centre de la prise de décision sur la façon dont ils vivront, travailleront et se divertiront. Les processus d’urbanisme ont été au fil du temps influencés et impactés par les acteurs politiques. Cependant, des intérêts conflictuels existent souvent entre les acteurs politiques et l’urbanisme.

Réformes de la politique foncière et décentralisation
Les tendances en matière de développement urbain en Tanzanie ont été influencées par la prolifération des implantations informelles pour répondre à la demande de logements et par l'accent mis sur les plans économiques à court terme au détriment des plans physiques à long terme pour guider le développement urbain. Par conséquent, les réformes agraires menées en Tanzanie par le biais de la Politique foncière nationale de 1995 ont décentralisé l'administration foncière et exposé les terres au libre marché, exigeant une compensation équitable pour l'acquisition de terres. Cependant, cela a effectivement conduit à une escalade du coût des terres, à une nouvelle prolifération des implantations informelles et à une réduction du contrôle gouvernemental sur les terres. Le gouvernement a perdu son pouvoir sur les terres, car la plupart des terres étaient des propriétés privées, et moins de terres étaient contrôlées par l'État.

Perte d'intérêt des acteurs politiques pour l'urbanisme
En effet, la perte de pouvoir du gouvernement a diminué l’intérêt des acteurs politiques pour la planification urbaine. Cette perte d’intérêt est également due à d’autres facteurs clés. Tout d’abord, le décalage entre les plans physiques et les frontières et calendriers politiques a entraîné un manque d’appropriation par les acteurs politiques. Ensuite, le décalage entre les plans urbains et économiques a conduit les acteurs politiques à privilégier les plans économiques qui comportent un élément d’augmentation des revenus, et les membres de la communauté à éviter les plans urbains, les percevant comme un mécanisme de génération de revenus (par le biais de la collecte de recettes) par le gouvernement. Troisièmement, la nature statique des plans urbains n’a pas réussi à renforcer la résilience urbaine aux impacts continus du changement climatique. Enfin, les limites des plans urbains dans la résolution des conflits fonciers et de l’informalité croissante ont encore réduit leur priorité pour les décideurs.

Renforcer l'intérêt des acteurs politiques pour l'urbanisme
Pour accroître l’intérêt politique pour l’urbanisme, il faut comprendre que l’urbanisme est influencé par des contraintes politiques et façonné par le système politique. L’interférence politique se produit par le biais du bras administratif du gouvernement exerçant son pouvoir et par le biais de décisions politiques et de leur administration par des agences gouvernementales, qui ont des répercussions transcendantes dans toutes les sections de la société. Deux interventions clés peuvent ainsi encourager l’intérêt politique. La première consiste à aligner l’urbanisme sur les termes et les limites politiques afin d’assurer la collaboration entre les planificateurs et les acteurs politiques dans leur mise en œuvre. Des plans doivent être créés pour les niveaux politiques tels que les quartiers et les circonscriptions. La deuxième consiste à améliorer  La participation du public aux processus de planification, qui fait des citoyens les principaux acteurs de la promotion de l’engagement communautaire, qui donne aux citoyens une voix et un sentiment d’appartenance à la communauté et qui accroît la résilience des plans urbains. Il est intéressant de noter que dans la pratique, les acteurs politiques se sont alignés soit sur les autorités de planification, soit sur les citoyens, en fonction de la nature du problème de planification et du niveau d’intérêt public et politique. 

Recommandations
Pour renforcer le soutien politique à l’urbanisme, les actions suivantes sont recommandées : 

  1. Aligner les plans physiques sur les frontières et les calendriers politiques pour garantir que les acteurs politiques s’approprient directement les plans proposés.

  2. Préparer des plans pour renforcer la résilience des villes tanzaniennes aux défis de l’urbanisation et aux catastrophes naturelles comme les inondations.

  3. Utiliser les plans comme un outil pour résoudre les conflits fonciers.

  4. Améliorer la participation communautaire aux pratiques d’urbanisme pour une plus grande efficacité et acceptation des plans proposés.

  5. Considérez comment les plans urbains peuvent générer des recettes publiques pour les projets de développement.

Conclusion
L’intérêt politique pour l’urbanisme en Tanzanie a diminué en raison de facteurs tels que les conflits de calendriers avec les termes politiques, les plans urbains et économiques mal alignés, la nature statique des plans urbains et leur incapacité à résoudre les conflits fonciers ou l’informalité. Pour remédier à cela, l’urbanisme doit s’aligner sur les délais et les limites politiques, renforcer la participation du public, améliorer la collaboration avec les acteurs politiques et renforcer les procédures juridiques pour les conflits fonciers. En outre, le gouvernement doit donner la priorité à l’allocation budgétaire pour l’urbanisme. La préparation des plans par les autorités de planification garantira que les équipements sociaux et communautaires sont prioritaires pour répondre aux besoins plus larges de la communauté, contrairement à la pratique actuelle où les propriétaires fonciers privés initient indépendamment la planification. 

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Habitats informels dans les villes tanzaniennes : aborder la résilience et la gouvernance

Habitats informels dans les villes tanzaniennes : aborder la résilience et la gouvernance

L'urbanisation rapide et la croissance démographique en Tanzanie mettent à rude épreuve la planification, la gestion des terres, les infrastructures et la prestation de services, ce qui entraîne la croissance des implantations informelles. La population du pays est urbaine à 44.6 %, ce qui dépasse la moyenne continentale de 43.5 % (UN-Habitat, 2020).  Environ 70 à 80 % de la population urbaine réside dans des zones informelles, qui représentent 40 à 80 % des zones bâties des villes et sont très vulnérables aux problèmes de résilience urbaine. En 60 ans, le gouvernement est passé de stratégies d’exclusion à des stratégies plus inclusives pour lutter contre l’informalité urbaine. Cet article reconnaît que les établissements informels font partie intégrante du tissu urbain et, dans cette perspective, examine ces approches en termes de gouvernance et de résilience.

Caractéristiques et facteurs déterminants des implantations informelles
Les établissements informels en Tanzanie sont des zones non planifiées avec un régime foncier informel, des problèmes de prestation de services et un mélange de résidents à revenus faibles et moyens. Ces établissements ne sont pas homogènes et varient en termes de consolidation : (1) zones intérieures avec des densités élevées et des structures chaotiques, (2) zones intermédiaires se consolider rapidement sans planification, et (3) zones périurbaines avec des ménages urbains pauvres et à revenu moyen. Les établissements informels partagent trois caractéristiques principales : (1) insécurité foncière, souvent informel ou coutumier, (2) qualité structurelle des logements qui est pauvre, très dense et compact, et (3) nature de la population Il s'agit d'une population composée de groupes socioéconomiques mixtes, principalement de personnes à faibles revenus. Les implantations informelles sont souvent situées dans des zones écologiquement vulnérables.

La croissance des implantations informelles en Tanzanie est due à des problèmes d’urbanisation et de gouvernance, tels qu’une mauvaise administration foncière, le manque de terrains viabilisés et de logements abordables, des systèmes fonciers multiples, des institutions faibles et une mauvaise application des lois d’urbanisme.

Cadre institutionnel et de gouvernance des implantations informelles
Le cadre institutionnel de la Tanzanie implique les gouvernements nationaux et locaux. Le ministère du Territoire, du Logement et du Développement des établissements humains (MLHHSD) supervise la planification urbaine, tandis que le Cabinet du Président - Administration régionale et gouvernement local (PO-RALG) administre les établissements humains. Les autorités gouvernementales locales (LGA) mettent en œuvre ces fonctions par le biais d'une gouvernance décentralisée aux niveaux de la ville, de la municipalité, de la division, du quartier et de la sous-circonscription. 

La réponse du pays à l'informalité urbaine a évolué au cours des six dernières décennies, à travers des cadres juridiques, politiques et de planification qui, bien qu'ambivalents au départ, ont évolué vers la reconnaissance des droits des habitants informels et l'amélioration de leurs conditions de vie. Cinq périodes clés sont observées.

  1. Résorption des bidonvilles (années 1960-1970) : L’exode rural rapide après la levée des restrictions coloniales a provoqué une construction de logements non planifiés et un étalement urbain, ce qui a conduit le gouvernement à se montrer hostile envers les implantations informelles et à leur démantèlement agressif.
  2. Amélioration des squatters (fin des années 1970-début des années 1980) : Soutenue par la Banque mondiale, cette initiative a marqué un tournant vers l’amélioration des conditions d’habitat informel.
  3. Projets de sites et de services (années 1972-1990) : Ces projets ont fourni des infrastructures, des services et des équipements communautaires à de nouvelles zones informelles et ont permis de relocaliser des ménages des régions sujettes aux inondations, en particulier des vallées fluviales.
  4. Approches de modernisation participative (années 1990-2000) : Après l’échec de la réhabilitation des squatters, l’accent a été mis sur des approches participatives et axées sur la communauté.
  5. Réforme agraire globale et régularisation des implantations informelles (à partir de 2000) : Soutenues par des changements politiques et législatifs, l'intégration des régimes fonciers urbains/informels et ruraux/coutumiers dans les systèmes fonciers modernes et la stratégie de régularisation ont marqué un changement majeur. Les lois foncières de 1999 ont instauré le certificat de droit d'occupation (CRO), un bail de 33 à 99 ans, et les licences résidentielles (RL), un régime foncier intermédiaire de 2 à 5 ans. Programme MKURABITA 2004 accorde des permis renouvelables, accordant des droits d’occupation dans les établissements informels régularisés.

Vulnérabilité des implantations informelles
La Tanzanie, pays le plus exposé aux inondations en Afrique de l'Est, est confrontée à une vulnérabilité accrue dans les quartiers informels, en particulier dans les zones inondables. Les problèmes incluent les inondations, le débordement des égouts, le mauvais drainage et la pollution. L'accès limité au financement réduit la résilience, en particulier pour les ménages les plus pauvres. Si le soutien communautaire est utile, les systèmes de réponse sont souvent inadéquats. Le déclin des espaces verts urbains aggrave la vulnérabilité, malgré l'importance des infrastructures vertes pour la lutte contre les inondations.

Les approches fonctionnent-elles ?
Reconnaître les avantages de l'informalité urbaine en Tanzanie offre des opportunités, mais nécessite de reconnaître ses lacunes. Les modèles de résilience se concentrent souvent sur la capacité d'adaptation des résidents aux changements environnementaux. Cependant, pour renforcer la résilience, il faut que le gouvernement, les ONG, les organisations communautaires et les résidents travaillent ensemble pour relever les défis.

Le rôle du gouvernement
Le gouvernement joue un rôle clé en tant que facilitateur, en façonnant l’implication d’autres acteurs. En Tanzanie, des approches descendantes et ascendantes ont été mises en œuvre. Si les approches descendantes dominent, les méthodes ascendantes sont plus durables. La centralisation, par exemple dans l’administration et la planification foncières, nuit à l’efficacité, mais l’engagement communautaire et la décentralisation pourraient améliorer les résultats. La participation communautaire limitée, comme on le voit dans le programme de régularisation de la Tanzanie, a conduit à une mise en œuvre médiocre. Un régime foncier sûr et abordable à long terme est essentiel pour autonomiser les communautés et renforcer la résilience urbaine. Cependant, l’accès à un régime foncier à long terme reste difficile pour la plupart en raison du caractère inabordable des logements, ce qui conduit beaucoup à contourner les processus gouvernementaux en matière de logement.

Le rôle de facilitateur du gouvernement doit donc être renforcé par l'amélioration des cadres institutionnels, de gouvernance, juridiques, politiques et de planification. Cela implique une meilleure coordination intersectorielle, une meilleure application et une plus grande transparence des services urbains. Les structures locales, comme les circonscriptions et les municipalités, offrent un potentiel inexploité de développement urbain mais doivent être renforcées.

Le rôle des communautés et des ONG
Entre les années 1900 et 2000, les changements politiques en Tanzanie ont permis aux acteurs non gouvernementaux de soutenir le secteur informel, notamment pour faire face aux catastrophes climatiques et renforcer la résilience. Les communautés ont souvent recours aux réseaux sociaux pour trouver des solutions innovantes, en particulier lorsque les structures formelles font défaut. Les ONG jouent un rôle essentiel dans le renforcement de ces réseaux, en nouant des relations avec les résidents et en influençant les politiques gouvernementales.

Le rôle du secteur privé
L'échec de l'État a conduit à une approche « d'État minimal », où il réglemente tandis que le secteur privé fournit des services. La loi sur l'urbanisme (2007) permet la participation privée et populaire au développement urbain. Partenariats public-privé (PPP)  Les logements sont de plus en plus nombreux. La régularisation des implantations informelles permet aux auto-constructeurs d’investir dans le foncier et le logement, augmentant ainsi leur richesse. Cependant, les investissements du secteur privé sont limités en raison des risques élevés et du manque de garanties, ce qui laisse les résidents dépendants du financement communautaire. La collaboration entre les acteurs privés et communautaires pourrait améliorer l’accès au financement.

Les partenariats ne doivent pas exonérer l’État de toute responsabilité. En plus de son rôle de facilitateur, l’État doit veiller à ce que le secteur privé trouve un équilibre entre les besoins sociaux et environnementaux et les objectifs de profit, tout en adoptant une approche axée sur la résilience.

Le rôle des données comme outil d'aide à la décision
Le manque de données entrave la planification et la réponse aux crises et accroît la vulnérabilité des résidents. L'engagement actif de la communauté est essentiel pour disposer d'informations actualisées. Lorsque les données quantitatives sont rares, les données qualitatives fournissent une compréhension essentielle de la vie dans les quartiers informels et aident à développer des solutions pratiques.

Recommandations
Des efforts concertés de tous les acteurs et le renforcement des mécanismes et des stratégies visant à améliorer le cadre de vie dans les quartiers informels sont nécessaires. Voici quelques recommandations qui pourraient renforcer les stratégies et les approches actuelles.

Gouvernement

  1. Renforcer le rôle du gouvernement en tant que facilitateur en termes de cadres institutionnels et de gouvernance.
  2. En tant que facilitateur, planifier et fournir les terrains, les infrastructures et les services nécessaires pour soutenir le développement urbain et assurer la résilience urbaine.
  3. Assurer une coordination multisectorielle et multi-gouvernance verticale et horizontale efficace.
  4. Donner la priorité aux approches de gouvernance ascendantes en renforçant l’autonomie locale dans la prise de décision en matière de planification et de croissance urbaine.
  5. Améliorer la coordination au niveau de la gouvernance locale en intégrant les dispositifs institutionnels formalisés aux structures administratives locales existantes.
  6. Laissez le gouvernement jouer le rôle principal dans la coordination de la collaboration entre les différents acteurs.

Communautés, ONG et acteurs du secteur privé

  1. Fournir un soutien à la co-création de solutions en incluant les OSC et les OBC dans des partenariats pour une planification et un développement menés par la communauté.
  2. Apporter un soutien accru et un financement plus important aux ONG.
  3. Exploiter le pouvoir de rassemblement des ONG pour réunir divers acteurs afin de cartographier les opportunités de capital social.
  4. Collaborer avec les dirigeants des communautés locales dans la collecte de données pour tirer parti des connaissances locales et créer une base de données centralisée.
  5. Impliquer le secteur privé dans les initiatives de modernisation des établissements informels.

Mécanismes de modernisation des implantations informelles

  1. Établir des réglementations plus souples pour les établissements informels et non planifiés qui facilitent les interventions à long terme.
  2. Renforcer l’application des lois, réglementations et cadres liés à l’urbanisme.
  3. Améliorer l’accès à la sécurité d’occupation à long terme en rendant les postes de RL et de CRO abordables au point d’entrée.
  4. Encourager les acteurs du secteur privé à investir dans des zones appropriées adjacentes aux implantations informelles.
  5. Soutenir la collaboration entre les structures sociopolitiques au niveau communautaire pour garantir des approches plus ascendantes et inclusives.
  6. Construire une infrastructure sociopolitique en renforçant les normes, les valeurs, les règles et les relations sociopolitiques qui sous-tendent les efforts en faveur d’établissements inclusifs et résilients.
  7. Investir dans des solutions financières innovantes qui répondent aux impacts des chocs globaux, au lieu de laisser les communautés se débrouiller seules pour renforcer leur résilience.
  8. Intégrer la résilience urbaine dans les politiques, les cadres législatifs et les plans urbains.
  9. Investir davantage dans les initiatives communautaires de modernisation des établissements informels et les intégrer.

Conclusion
Les quartiers informels abritent une part importante de la population urbaine. Cependant, leur résilience pose un défi de taille pour la création d’environnements urbains durables. Pour y remédier, les quartiers informels doivent être normalisés et acceptés comme parties intégrantes du tissu urbain et leur résilience doit être prioritaire. La régularisation des quartiers informels en Tanzanie offre l’occasion d’améliorer ces quartiers en utilisant une optique de résilience urbaine. La gouvernance urbaine est un effort collectif, et essentielle pour obtenir un impact plus important grâce à des réponses innovantes et coordonnées du gouvernement, en partenariat avec des acteurs non étatiques pour renforcer la résilience des quartiers informels.

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Systèmes alimentaires urbains et planification : développer les villes durables de demain

Systèmes alimentaires urbains et planification : développer les villes durables de demain

Les villes tanzaniennes sont confrontées à un défi urgent en matière de sécurité alimentaire en raison de la forte croissance démographique. Dans les pays en développement comme la Tanzanie, les plus pauvres de la population urbaine consacrent jusqu’à 85 % de leurs revenus à l’alimentation, ce qui en fait un moteur économique essentiel. La disparité des dépenses alimentaires, en particulier entre les ménages urbains riches et pauvres, souligne la nécessité pour les urbanistes de garantir que la nourriture soit abordable et accessible, en particulier pour les pauvres. La planification alimentaire urbaine doit donner la priorité à l’accessibilité afin de fournir un accès équitable à une alimentation nutritive pour tous les résidents.

Planification des systèmes alimentaires
La planification urbaine est essentielle pour façonner l'environnement alimentaire à travers des facteurs tels que la proximité d'aliments nutritifs, l'aménagement du territoire, les réglementations de zonage, les infrastructures et réglementations alimentaires. Cependant, en Tanzanie, les systèmes alimentaires et la planification ne sont pas bien intégrés dans l'aménagement du territoire urbain. La planification des systèmes alimentaires multiscalaires a un rôle important à jouer pour garantir une réflexion systémique dans la planification des systèmes alimentaires. Elle se compose de trois sphères distinctes et étroitement liées : l'ensemble du cycle alimentaire (production, transformation, commercialisation, consommation et élimination), les acteurs impliqués et les multiples espaces et échelles dans lesquels fonctionnent les systèmes alimentaires. La planification des systèmes alimentaires est donc un processus multipartite et communautaire. Le concept de systèmes alimentaires multiscalaires a été partiellement lancé en Tanzanie en utilisant les principaux points d'entrée que sont la sécurité alimentaire, la nutrition et la faim, mais l'engagement des principales parties prenantes est encore limité. 

Points d’entrée pour l’intégration de l’alimentation dans la planification urbaine
Il existe plusieurs points d’entrée pour intégrer l’alimentation dans les processus de planification urbaine. L’agriculture urbaine est largement pratiquée en Tanzanie pour l’autosuffisance et pour réduire les coûts d’achat de nourriture, mais elle est fragmentée et n’est pas prise en compte par les autorités locales dans les processus de planification. Le manque d’infrastructures de soutien empêche encore plus les résidents d’obtenir l’impact escompté. Par conséquent, un point d’entrée essentiel consiste à préserver les terres pour l’agriculture urbaine et à protéger et étendre les infrastructures de marché importantes pour la nutrition.

Une approche systémique de la distribution alimentaire peut améliorer l’accès à une alimentation suffisante, abordable et nutritive. Rikolto pilote l’approche des systèmes participatifs de sécurité alimentaire (PFSS) à Arusha et Mbeya, visant à garantir une alimentation sûre et abordable tout en améliorant les systèmes alimentaires et les moyens de subsistance des agriculteurs et des vendeurs des marchés de la région urbaine. L’entreprise collabore également avec les PME pour développer un modèle qui offre de bons prix aux petits exploitants agricoles qui vendent directement aux PME et des aliments sains et abordables aux consommateurs.

La planification de la distribution alimentaire au détail est importante car elle affecte l’accès à des aliments nutritifs. En Tanzanie, les agriculteurs et les courtiers sont des acteurs clés, les vendeurs de rue et de marché étant les principaux vendeurs dans les zones urbaines. Cependant, ces vendeurs manquent souvent d’installations d’hygiène adéquates, ce qui a un impact sur la sécurité alimentaire. Bien que le commerce de rue soit techniquement illégal en raison de la loi sur les licences commerciales, la vente de nourriture de rue continue d’employer des millions de personnes. L’intégration des systèmes alimentaires informels dans la planification urbaine est essentielle pour garantir que ces vendeurs puissent fournir des aliments sûrs, nutritifs et abordables. Reconnaissant l’importance de la vente de nourriture de rue, Rikolto, en collaboration avec l’Association horticole de Tanzanie (TAHA) et Trias, a piloté des kiosques mobiles de vente de nourriture de rue et conçu des kiosques de vente de nourriture de marché dans la ville d’Arusha.

La réglementation foncière, le zonage et l’utilisation des terres sont importants pour la planification des systèmes alimentaires urbains. Le règlement de 2018 sur l’urbanisme (zonage de l’utilisation des terres) précise les utilisations essentielles des terres, telles que l’agriculture. Cependant, les zones urbaines de Tanzanie manquent encore d’infrastructures alimentaires, en partie en raison d’un manque de priorisation et de financement. La Tanzanie peut s’appuyer sur des plateformes d’apprentissage mondiales entre villes, telles que le Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan signé par Arusha, pour tirer des enseignements sur l’intégration de la planification urbaine et des systèmes alimentaires.

Planification participative multipartite et communautaire
La formulation de politiques et la planification d’actions multipartites sont des méthodes utiles pour intégrer l’alimentation dans la planification urbaine. Rikolto a soutenu des plateformes multipartites à Arusha et à Mbeya pour coordonner les actions en faveur d’un système alimentaire plus durable. Les agences gouvernementales, les ONG, les agriculteurs, les entreprises et les groupes communautaires collaborent pour atteindre des objectifs communs liés à la sécurité alimentaire, à la durabilité environnementale, à la viabilité économique et à l’équité sociale. Si l’infrastructure du système alimentaire reste une priorité, les interventions sociales telles que l’augmentation des recettes fiscales pour soutenir les opérations de marché et le soutien aux groupes vulnérables pour qu’ils participent activement aux activités du système alimentaire sont cruciales.

Recommandations
Les planificateurs alimentaires urbains doivent adopter une approche holistique qui intègre la planification urbaine à la planification du système alimentaire. 

  1. Intégrer des stratégies de planification pour améliorer l’accès à l’alimentation et les résultats nutritionnels. Cela comprend l’élaboration de cadres politiques alimentaires complets et la garantie que les réglementations de zonage donnent la priorité à l’établissement de marchés alimentaires, de jardins communautaires et de fermes urbaines dans des endroits stratégiques.
  2. Reconnaître le rôle important des petits et moyens centres urbains dans la définition de la demande alimentaire et de la dynamique de production. Leur proximité avec l’arrière-pays, les zones périurbaines et l’abondance des terres en font des pôles potentiels de sécurité alimentaire et des producteurs nets de denrées alimentaires. La promotion de la diversification agro-économique, le renforcement des chaînes de valeur alimentaires locales et l’encouragement du partage des connaissances peuvent renforcer leur rôle dans la sécurité alimentaire et la résilience.
  3. Donner la priorité à l’accessibilité alimentaire dans les initiatives de planification alimentaire urbaine. Il est essentiel de mettre en place des interventions et des politiques ciblées visant à réduire le fardeau financier des dépenses alimentaires pour les populations vulnérables. Un impact plus important pourrait être obtenu par une collaboration avec les petits exploitants agricoles, les marchés locaux, les détaillants alimentaires et les organisations communautaires, et un soutien public aux initiatives menées par les communautés telles que les jardins communautaires, les fermes urbaines et les coopératives alimentaires permettrait d’obtenir un impact plus important.
  4. Reconnaître la vente ambulante comme une forme légitime d’emploi et de commerce. Cela nécessite de modifier les lois, d’intégrer les marchés alimentaires informels dans l’aménagement du territoire, de promouvoir des politiques de zonage inclusives, d’investir dans la formation des vendeurs, de fournir des espaces et des infrastructures sûrs et hygiéniques, de créer des plateformes de dialogue et d’étendre la protection sociale aux vendeurs.
  5. Intégrer les contraintes climatiques et environnementales dans la planification des systèmes alimentaires. Les plans d’action des villes pour le climat doivent s’attaquer aux problèmes liés à l’alimentation, exacerbés par le changement climatique. La promotion de chaînes d’approvisionnement courtes peut contribuer à localiser la production alimentaire et à réduire l’impact environnemental. Les partenariats entre les acteurs locaux et les agences gouvernementales pour relever conjointement les défis de la sécurité alimentaire et de la résilience climatique, tels que les conseils alimentaires ou des mécanismes similaires, sont essentiels.
  6. Créer un environnement propice à la protection des terres pour l’agriculture urbaine et périurbaine. Il s’agit notamment de garantir l’accès à la terre et les droits fonciers des agriculteurs urbains, et d’élaborer des réglementations sur l’agriculture de basse-cour. Il est essentiel de reconnaître l’importance de l’agriculture urbaine dans les espaces ouverts, en particulier pour les populations vulnérables qui n’ont pas accès à la terre. La conservation des terres agricoles périurbaines est également essentielle. 
  7. Renforcer les capacités pour soutenir la formulation de politiques et la planification d’actions multipartites. La formation des acteurs locaux impliqués dans les plateformes de systèmes alimentaires permettrait d’améliorer leur capacité à planifier et à mettre en œuvre efficacement des initiatives. Une coordination rationalisée, la promotion des partenariats public-privé, le renforcement de l’engagement communautaire et la défense de politiques de soutien sont autant d’éléments essentiels pour bâtir des systèmes alimentaires durables et résilients.

Conclusion
L'urbanisation de la Tanzanie pose des problèmes en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Les problèmes incluent l'insécurité alimentaire, la dénutrition, la pauvreté urbaine, le changement climatique et l'accès limité aux terres urbaines pour les activités alimentaires. Une approche holistique intégrant la planification urbaine aux systèmes alimentaires est nécessaire, ainsi qu'une recherche accrue, l'élaboration de politiques et l'engagement communautaire. Les partenariats entre le gouvernement, les ONG, le monde universitaire et les communautés peuvent aider à mettre en œuvre des stratégies pour des systèmes alimentaires résilients. Une planification inclusive peut conduire à des environnements alimentaires urbains plus équitables, plus sains et plus durables.

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Verdir les villes pour renforcer leur résilience : le cas de Dodoma, en Tanzanie

Verdir les villes pour renforcer leur résilience : le cas de Dodoma, en Tanzanie

Les villes africaines sont confrontées à une urbanisation rapide et à une croissance anarchique, menaçant la biodiversité, en particulier dans les zones périurbaines, rurales et de conservation situées en périphérie des villes. Les espaces verts du centre-ville, qui servent de poumons verts aux villes et fournissent des services écosystémiques, ne sont souvent ni négligés ni envahis. La végétalisation urbaine et les infrastructures vertes devraient donc être au cœur de la planification urbaine comme moyen d’atteindre la résilience urbaine. La planification des infrastructures vertes urbaines peut protéger les villes contre les impacts négatifs grâce à la fourniture diversifiée de services écosystémiques, et permettre l’atténuation du changement climatique en produisant une variété de services écosystémiques et en adoptant une approche proactive multifonctionnelle et multidisciplinaire. Les infrastructures vertes offrent divers avantages socioéconomiques et culturels pour aider les villes à renforcer leur résilience, notamment un air et une eau plus propres, des espaces de loisirs, une protection contre les inondations, des habitats diversifiés et de beaux espaces verts.

Les collectivités locales sont des acteurs essentiels pour défendre la stratégie de développement urbain vert et répondre aux défis liés au climat et à la biodiversité. La création d’un environnement favorable qui intègre le verdissement influencera positivement leur capacité à aider les communautés urbaines à devenir plus résilientes et à obtenir des avantages environnementaux, sociaux et économiques.

Croissance et verdissement à Dodoma
La ville de Dodoma, capitale nationale de la République-Unie de Tanzanie, située dans un environnement semi-aride ou sec, investit depuis longtemps dans le renforcement de la résilience urbaine pour s’adapter à l’urbanisation rapide et aux défis liés au changement climatique. Les efforts ont été de grande envergure, englobant l’adaptation au changement climatique, la gestion durable de l’eau et des terres et la promotion de solutions vertes pour le développement urbain. Ils reflètent une approche globale pour faire face à la pénurie d’eau, aux précipitations irrégulières, à la grave dégradation des terres et à la dégradation de l’environnement. La déforestation est un problème majeur, en particulier dans les zones entourant Dodoma, en raison du défrichement de la végétation pour l’agriculture et du manque de combustible domestique qui a entraîné la récolte de bois de chauffage. Des parcelles forestières dans les zones urbaines ont également été défrichées pour le développement des infrastructures et la consommation de bois de chauffage.

La ville a entrepris des initiatives de verdissement depuis le plan directeur de la ville de Dodoma de 1976. Cependant, les premières initiatives ont été pour la plupart conçues avec une participation minimale des communautés locales et n'étaient pas durables en raison de l'absence de liens dans la planification, la prise de décision et la mise en œuvre des projets. Le plan directeur actuel de la capitale nationale de Dodoma (2019-2039) comprend un plan d'amélioration du paysage, qui vise à faire de Dodoma une « ville biophilique » à travers le concept de « verdissement et de bleuissement de la capitale semi-aride de Dodoma ». Le plan vise à planter 6,573,292 1,643,323 XNUMX arbres (une moyenne de XNUMX XNUMX XNUMX arbres plantés tous les cinq ans) en plus de créer et d'agrandir davantage de plans d'eau. 

Initiatives de verdissement
Les initiatives de verdissement, principalement par le biais de campagnes de plantation d'arbres, se sont intensifiées à Dodoma. Le projet Greening Dodoma, lancé par le bureau du vice-président depuis 2018, vise à atténuer le changement climatique. Des zones forestières ont également été développées, offrant de la verdure dans les zones entourant la ville. En outre, un système d'espaces ouverts urbains a été développé et la croissance et la santé des jeunes plantes sont surveillées. Le verdissement est également encouragé par des campagnes éducatives comme « Study with a Tree », qui vise à cultiver une culture de protection de l'environnement parmi les étudiants. En plus de la plantation d'arbres, la viticulture, qui se pratique uniquement à Dodoma, favorise les espaces verts ouverts tout en soutenant les moyens de subsistance des agriculteurs périurbains. D'autres efforts de verdissement ont inclus l'application de solutions basées sur la nature telles que l'agriculture régénératrice dans les fermes communautaires, l'irrigation durable et l'intégration de la flore indigène. 

Partenariats dans les initiatives de verdissement
Les partenariats avec des acteurs non étatiques jouent un rôle essentiel dans les initiatives de verdissement de Dodoma. Certaines collaborations majeures ont été conclues avec des organisations internationales telles que le Fonds mondial pour la nature (WWF), ONU-Habitat et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le secteur privé a été largement impliqué, par exemple la Fondation Vodacom Tanzanie (VTF) qui soutient le projet de verdissement de Dodoma et la Banque africaine de développement qui soutient le projet Tanzania Green Solutions for Sustainable Urban Development in the Dodoma City. L'engagement communautaire a été primordial tout au long du processus de verdissement, les parties prenantes, y compris les résidents et les autorités locales, étant impliquées dans la prise de décision et la mise en œuvre, ce qui favorise un sentiment d'appropriation. Par exemple, les groupes de jeunes et de femmes des communautés locales sont des partenaires clés de mise en œuvre du projet de verdissement de Dodoma.

Défis et opportunités des initiatives de verdissement de Dodoma
Les initiatives de verdissement de Dodoma, mises en œuvre dans un contexte de défis et d'opportunités divers, offrent des informations précieuses aux décideurs politiques et aux urbanistes. Parmi les défis figurent les contraintes de capacité financière et institutionnelle, le manque d'intégration de la verdissement dans la planification urbaine, les lacunes des politiques, l'approche de gouvernance qui n'a pas impliqué profondément les membres de la communauté, le besoin de sensibilisation du public parmi les résidents de la ville, les contraintes spatiales dues au développement compact et la mauvaise gestion et protection des espaces ouverts contre l'étalement urbain.

Les efforts de verdissement peuvent être soutenus à long terme en exploitant les opportunités. La nouvelle ville permet d’allouer davantage d’espaces verts urbains et de les protéger contre les invasions. Des solutions telles que la récupération des eaux de pluie peuvent être intégrées dans les projets d’infrastructures. Une planification urbaine efficace, comme le plan directeur actuel de la ville de Dodoma, devrait garantir l’allocation d’espaces ouverts à l’agriculture urbaine et périurbaine. Le gouvernement national soutient fortement le programme de verdissement et la volonté politique dont le conseil municipal de Dodoma peut s’inspirer pour élaborer des stratégies d’infrastructures vertes et renforcer la résilience urbaine. Un environnement réglementaire approprié, par le biais de lois municipales favorables et d’une application renforcée, est essentiel. L’implication du secteur privé dans la gestion des espaces verts urbains permet de surmonter les contraintes budgétaires et de mieux partager les risques dans les investissements à long terme.

Recommandations
Une approche holistique et collaborative est impérative pour envisager l'avenir des investissements et des développements écologiques de Dodoma. Voici quelques recommandations clés :

  1. Il faut commencer tôt en concentrant les efforts de verdissement dans les écoles. Les cours d’école sont essentielles à la transformation écologique, pédagogique et sociale.
  2. Intégration de la végétalisation et des infrastructures vertes dans la planification spatiale et urbaine.
  3. Associer les initiatives de verdissement aux moyens de subsistance. Par exemple, l’agriculture urbaine peut servir de catalyseur pour la réduction de la pauvreté et la fourniture de moyens de subsistance durables. 
  4. L’amplification des incitations peut renforcer l’acceptation publique des interventions réglementaires.
  5. Sensibiliser aux bienfaits environnementaux et favoriser l’appréciation de la nature.
  6. Application des réglementations par une gouvernance inclusive qui permet aux acteurs non étatiques de participer activement.
  7. Donner aux communautés locales les moyens de gérer et d’entretenir des espaces verts ouverts.
  8. L’implication du secteur privé peut contribuer à combler le déficit de financement et permettre un meilleur partage des risques dans le développement des infrastructures vertes.
  9. Élargir la définition du verdissement au-delà de la plantation d’arbres, pour inclure la préservation de la flore naturelle existante dans les zones périurbaines, les berges des rivières et d’autres zones écologiquement importantes.

Conclusion
L’expansion urbaine incontrôlée menace la biodiversité, accroît la vulnérabilité au changement climatique et affaiblit la résilience urbaine. Des initiatives urgentes de verdissement, au-delà de la plantation d’arbres, sont essentielles à Dodoma et dans d’autres villes africaines. L’urbanisation s’accélère et une planification solide des infrastructures vertes est nécessaire, soutenue par des politiques globales, des ressources et un financement innovant. Une approche holistique et collaborative est essentielle, reconnaissant les avantages des espaces verts et impliquant les communautés.

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Gestion communautaire des déchets à Dar Es Salaam

Gestion communautaire des déchets à Dar Es Salaam

La croissance rapide de la population entraîne une demande accrue de services urbains, à un rythme qui dépasse les capacités des collectivités locales. En outre, ces dernières ont du mal à fournir des services dans les quartiers informels, les excluant ainsi des avantages des services urbains.  La prestation de services est une responsabilité des gouvernements locaux et, en Tanzanie, la Constitution de la République-Unie de Tanzanie, en vertu de la loi n° 14, stipule que « toute personne a le droit de vivre et d’être protégée par la société conformément à la loi ». La mobilisation communautaire s’est avérée efficace pour promouvoir des pratiques alternatives de gestion des déchets dans des contextes informels. Ces pratiques doivent s’intégrer aux systèmes de prestation de services urbains, soutenir une économie circulaire et s’aligner sur les politiques nationales de gestion des déchets. Les points ci-dessous illustrent une réflexion organisationnelle à travers quatre questions clés, qui analysent la gestion des déchets en Tanzanie.  donner un aperçu de la manière dont les processus menés par la communauté offrent de la valeur et nécessitent une vision du monde différente pour être mis en œuvre efficacement.

Comment abordez-vous la question de la gestion des déchets ? Et les interdépendances des déchets avec d’autres secteurs ?
En Tanzanie, aucune solution concrète n’a été mise au point pour gérer les déchets. Des problèmes sont apparus en raison de l’augmentation des taux de production et de consommation de déchets, qui ont produit de plus grandes quantités de déchets non organiques polluants et nocifs pour l’environnement, tout en compromettant la santé humaine. Le manque de sensibilisation est souvent cité comme l’une des principales causes des mauvaises pratiques de gestion des déchets, mais le principal défi est l’absence de systèmes capables de résoudre le problème structurel. Nous ne pouvons pas demander aux gens de faire attention à la façon dont ils se débarrassent de leurs déchets si nous ne disposons pas de systèmes de collecte adéquats, et nous ne pouvons pas demander aux gens de ne pas jeter leurs déchets si la collecte est irrégulière. Ces problèmes systémiques nécessitent des solutions systémiques, c’est-à-dire la conception collective d’un système qui fonctionne pour tous. 

Le paradigme sur lequel vous travaillez est celui du zéro déchet. Qu'est-ce que cela signifie ? Comment savons-nous que nous sommes dans une réalité zéro déchet ? À quoi cela ressemble-t-il ? Comment votre travail zéro déchet dans les villes de Tanzanie a-t-il évolué ?
Le système zéro déchet que Nipe Fagio tente de mettre en œuvre nécessite de relever les défis posés par nos systèmes de consommation et de production. L’objectif ambitieux de cette approche est d’avoir zéro déchet dans l’environnement. Les interventions doivent tenir compte des principes de reconception et de réutilisation. L’approche peut également générer des emplois et promouvoir la justice sociale. Cependant, des solutions en amont sont nécessaires pour que les solutions en aval fonctionnent. 

Depuis leur lancement en 2019, les systèmes zéro déchet ont donné lieu à la création de coopératives de déchets performantes, ouvrant la voie à l’enregistrement d’autres coopératives liées aux déchets et groupes de ramasseurs de déchets. Le point de départ de l’approche zéro déchet consistait à essayer de comprendre ce que les gens des communautés valorisent et utilisent et à comprendre leurs besoins afin d’identifier des approches pour soutenir l’engagement communautaire et ensuite entamer des discussions sur le tri à la source. L’éthique est de gérer autant de déchets que possible au niveau local, notamment par le biais de processus décentralisés de traitement des déchets organiques. La valeur ajoutée de l’approche comprend une meilleure tenue des registres des déchets pour une meilleure compréhension des typologies de déchets, une réduction des déplacements municipaux vers les décharges et la récupération de 70 à 85 % des déchets utilisables des ordures ménagères.

À travers cette démarche, quels sont les liens que vous voyez avec le travail Zéro Déchet mené par les collectivités en termes d’amélioration de la résilience dans ces villes ?
La question qui se pose souvent est de savoir comment cette approche a fonctionné en Tanzanie, où les projets de gestion des déchets échouent souvent en raison du manque d'adhésion de la communauté. L'approche zéro déchet de Nipe Fagio privilégie la collaboration communautaire, qui est obtenue grâce à une approche ascendante, ce qui renforce la confiance de la communauté dans le fait que ses efforts atteignent les résultats escomptés. L'intégration de la communauté tout au long du projet était une inclusion intentionnelle dans le modèle.

Quels sont les principes qui, selon vous, ont rendu vos engagements plus réussis ?
Pour que la participation communautaire soit efficace, il faut faire confiance au processus, permettre aux communautés d’adapter leurs plans à leurs besoins et accepter ce qui émerge naturellement et la façon dont la communauté interprète et adapte les plans à ses propres besoins. Les approches rigides et descendantes risquent d’entraîner le rejet, tandis que les méthodes ascendantes qui acceptent l’incertitude donnent souvent de meilleurs résultats. Les initiatives communautaires ciblées ont un impact plus important.

Pourriez-vous décrire un peu à quoi cela ressemble à Dar es Salaam, étant donné que vous avez travaillé pour convaincre les bailleurs de fonds de s'éloigner d'une focalisation sur les grandes centrales et d'adopter une approche un peu plus décentralisée ?
Dans la gestion des déchets solides, il existe une perception générale selon laquelle la gestion des personnes ajoute de la complexité en raison de perspectives et d’attentes diverses. Cependant, c’est au sein des ménages que les déchets solides sont généralement produits et que la gestion des déchets solides doit commencer. En Tanzanie, on reconnaît de plus en plus que les personnes sont au cœur de la gestion des déchets solides – on ne peut pas mettre en œuvre la gestion des déchets solides avant d’avoir impliqué les communautés, avant d’avoir impliqué les personnes. De même, l’idée d’une gestion décentralisée des déchets au niveau communautaire est devenue plus importante.

Comment passer d’un changement narratif à un changement significatif sur le terrain ? Comment faire en sorte que la proposition de valeur fonctionne pour les bailleurs de fonds ?
Le défi de travailler avec des organisations internationales cherchant à créer un impact sur le terrain est que leurs propositions de valeur peuvent différer de ce qui est requis dans notre contexte. Il est donc important de reconnaître les points forts des différentes organisations du système et de les aligner sur les éléments nécessaires pour améliorer ou transformer nos systèmes. Les partenariats sont essentiels et, en s'engageant honnêtement, nous pouvons commencer à voir des changements systémiques plus larges. 

Comment l’approche zéro déchet de Nipe Fagio contribue-t-elle à la résilience urbaine ?
La résilience ne peut être obtenue sans l'engagement des communautés. La résilience n'est pas une approche descendante, mais plutôt un processus construit collectivement. Il s'agit de créer des systèmes qui répondent aux problèmes locaux, de soutenir leur articulation et de veiller à ce que les gens puissent contribuer aux solutions sur lesquelles ils ont déjà travaillé. 

Pour parvenir à la résilience, deux éléments principaux doivent être résolus. Le premier est le tri à la source : sans tri des déchets, tout système mis en place est voué à l’échec. Le deuxième est la justice sociale, qui consiste à s’assurer que les gens sont pris en compte et que leur voix est reflétée dans les solutions mises en œuvre. En adoptant une approche de justice sociale dans le travail zéro déchet en Tanzanie, de nombreuses personnes travaillant dans des coopératives ont non seulement constaté les impacts positifs de l’initiative dans leurs communautés, mais elles ont également contribué à des objectifs sociétaux plus larges et trouvé un travail intéressant.

Réflexion de clôture
Lorsque les gens ont le choix, ils le feront. Bien que les gens puissent compliquer un projet si leurs besoins ne sont pas représentés dans les processus dirigés par des personnes externes, lorsqu'ils s'impliquent sérieusement et honnêtement, ils peuvent devenir de solides alliés pour un projet.

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